Données

Près d’une personne sur cinq déclare avoir été discriminée

18 % des 18-49 ans déclarent avoir été discriminés au moins une fois au cours des cinq dernières années. Cette proportion est près de deux fois plus élevée parmi les personnes originaires d’Afrique, du Maghreb ou d’outre-mer. Extrait du Centre d’observation de la société.

Publié le 13 septembre 2023

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Modes de vie Origines Âges Femmes et hommes

18 % de la population âgée de 18 à 49 ans déclare avoir été discriminée ou avoir subi un traitement inégalitaire au moins une fois au cours des cinq dernières années, selon des données 2019-2020 de l’Insee [1]. La proportion atteint 26 % chez les immigrés et 28 % chez les descendants d’immigrés, contre 15 % de la population sans ascendance migratoire. Ces moyennes cachent des écarts importants : 42 % des descendants d’immigrés d’Afrique (hors Maghreb) ont ressenti des discriminations à leur égard. Les personnes originaires d’outre-mer se déclarent deux fois plus souvent discriminées que l’ensemble de la population non immigrée. 22 % des femmes contre 15 % des hommes indiquent avoir été discriminées.

Qui déclare avoir subi des discriminations ?
Unité : %
2008-2009
2019-2020
Variation
en points
Personnes sans ascendance migratoire10155
Natifs d'outre-mer31321
Descendants de natifs d'outre-mer3933-6
Immigrés2726-1
Descendants d'immigrés24284
Femmes14228
Hommes13152
Ensemble14184
Population de 18 à 49 ans.
Lecture : en 2019-2020, 26 % des immigrés déclarent avoir été discriminés au moins une fois au cours des cinq années précédentes.
Source : Ined-Insee – © Observatoire des inégalités

Parmi les personnes ayant déclaré avoir été discriminées, lorsqu’elles sont immigrées, le principal motif est l’origine, la nationalité ou la couleur de peau, pour 82 % d’entre elles. Chez les descendants d’immigrés qui se disent victimes de discriminations, c’est aussi le motif le plus fréquent, pour 71 %. Pour les femmes (toutes origines confondues), le premier motif est le sexisme à 47 %.

Ces discriminations se cumulent. Par exemple, 37 % des descendants d’immigrés d’origine maghrébine disent avoir été discriminés. Pour ceux qui sont concernés, l’origine est le motif le plus fréquent (76 %), mais 16 % ont été victimes de sexisme, 28 % de discrimination en raison de leur religion, 10 % à cause de leur lieu de résidence, etc. Le chiffre global de 18 % – qui concerne l’ensemble de la population – est très éloigné de ce que vit, dans la société française, une jeune femme noire, musulmane et d’origine africaine.

Si on mesure l’impact de chaque facteur de manière isolée, l’origine est, de loin, celui qui compte le plus. Prenons un exemple. La probabilité de se dire discriminés est 3,5 fois supérieure chez les hommes natifs d’outre-mer et 4,9 fois chez les immigrés d’Afrique (hors Maghreb), comparé aux hommes sans ascendance migratoire.

Le fait d’être jeune (les 18-29 ans comparés aux 30-39 ans), d’appartenir à une religion (par rapport à être sans religion) et d’être au chômage (comparé au fait d’avoir un emploi) entrainent pour les hommes – toujours toutes choses égales par ailleurs –, un risque entre 1,5 et deux fois supérieur de subir au moins un acte de discrimination. L’état de santé multiplie ce risque par deux chez les hommes et par 1,7 chez les femmes. En revanche, le milieu social, le diplôme, le fait d’habiter un quartier prioritaire de la politique de la ville et le niveau des revenus n’ont pas un impact significatif sur le fait de se dire discriminé.

La proportion de personnes qui déclarent avoir été discriminées a progressé de 14 % à 18 % entre la période 2008-2009 et 2019-2020. Elle a diminué d’un point, de 27 % à 26 % chez les immigrés, mais elle a augmenté de quatre points, de 24 % à 28 %, chez les descendants d’immigrés, et de 14 % à 22 % chez les femmes. La religion est un motif de discrimination plus souvent cité, note l’Insee : « 10 % des personnes se déclarant de confession musulmane rapportent des discriminations religieuses, contre 5 % en 2008-2009 ». L’interprétation de ces données doit être faite avec précaution, car il peut s’agir d’une hausse effective des discriminations, mais aussi d’une sensibilité plus grande à la question (voir encadré).

Le sentiment de discrimination, un concept à manier avec précaution
Les données sur le ressenti des discriminations donnent une information importante : le jugement porté par les citoyens sur leur expérience, ce qu’ils ressentent. Une information d’autant plus importante qu’une grande partie des faits échappent à la mesure statistique : il s’agit souvent de propos ou de pratiques de la sphère privée qui, dans leur immense majorité, ne sont pas déclarés aux services de police ou de gendarmerie. En revanche, ce ressenti évolue en fonction de la sensibilité de chacun et de la médiatisation de certains faits. De plus, se dire « discriminé » peut rassembler des faits de gravité très différente.

Extrait de « Près d’une personne sur cinq déclare avoir été discriminée au cours des cinq dernières années », Centre d’observation de la société, 12 juin 2023.

Photo / CC Alexis Chloe


[1« En dix ans, le sentiment de discrimination augmente, porté par les femmes et le motif sexiste », Jérôme Lê et al., Insee Première n° 1911, juillet 2022. La question posée est « au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? ».

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Date de première rédaction le 13 septembre 2023.
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