Les 10 % les plus riches perçoivent une masse des revenus égale à 1,06 fois celle des 40 % les plus pauvres, alors qu’ils sont quatre fois moins nombreux. Ce rapport était de un il y a vingt ans, mais les inégalités de revenus tendent à se stabiliser.
En 1998, en France, le rapport entre la masse des revenus reçue par les 10 % les plus aisés et celle des 40 % les plus pauvres – appelé « ratio de Palma » – était égal à un. Cela signifie que les six millions de personnes les plus aisées recevaient autant que les 24 millions les plus pauvres. En 2019, le ratio de Palma affiche 1,06. Dit autrement, le dixième le plus aisé reçoit à lui seul 1,06 fois (ou 106 %) ce que perçoivent les 40 % les plus démunis.
En deux décennies, les plus riches ont donc gagné six points de pourcentage par rapport aux plus modestes. La hausse s’est déroulée par à-coups à certaines périodes : 1998-2001 (forte croissance économique), 2004-2006, et surtout 2008-2011. Le ratio de Palma atteint alors 1,15 (ou 115 %). Il diminue ensuite et oscille entre 1,05 et 1,06. Les inégalités se stabilisent, mais les plus riches restent gagnants sur l’ensemble de la période.
Pour comprendre ce qui s’est passé, il est intéressant d’entrer dans le détail des composantes du ratio : la masse globale des revenus qui va aux 10 % les plus aisés d’un côté, et celle qui va aux 40 % les plus pauvres de l’autre. En observant le graphique qui suit, on voit bien comment la part qui revient aux 10 % du haut de la distribution des revenus a progressé par paliers jusqu’en 2012. Entre 2013 et 2019, elle semble se stabiliser autour de 24 % de la masse des revenus de toute la population, avec un pic à 25 % en 2018. Celle qui revient aux plus pauvres a diminué d’un point, de 23 % à 22 % entre 2004 et 2011 (période où le chômage a très fortement progressé), avant de se rétablir en fin de période à un niveau proche d’il y a 20 ans. Les premières estimations de l’Insee pour 2020 ne semblent pas indiquer d’effondrement des revenus du côté des plus modestes, ni de baisse pour ceux des plus riches.
Photo / © Eduardo Sánchez