À Paris, département le plus inégalitaire, les plus aisés disposent de revenus au moins six fois supérieurs à ceux des plus modestes. À l’autre extrémité de notre classement, la Vendée est celui où les inégalités de niveaux de vie sont les plus réduites.
Paris est le département français le plus inégalitaire. Les plus aisés (les 10 % les plus riches) y disposent de revenus au moins 6,4 fois plus élevés que les plus modestes, avec respectivement au minimum 5 750 euros et au maximum 902 euros par mois, soit près de 5 000 euros d’écart, selon les données 2018 de l’Insee (pour une personne seule, après impôts et prestations sociales). Paris n’est pas seulement la plus grande ville de France, elle constitue à elle seule un département qui regroupe près de 2,2 millions d’habitants. La capitale arrive en tête des plus grandes villes qui abritent les ménages français les plus riches, mais elle abrite aussi un très grand nombre de personnes particulièrement pauvres.
Quatre autres départements d’Île-de-France figurent parmi les dix les plus inégalitaires : les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, les Yvelines et la Seine-Saint-Denis. Ce dernier département apparaît dans ce classement en raison des revenus particulièrement bas de ses habitants les 10 % les plus pauvres (au maximum 743 euros par mois contre 958 euros pour la moyenne nationale) alors que les plus aisés disposent d’au moins 3 000 euros mensuels. En revanche, dans les Hauts-de-Seine, ce sont les plus aisés qui font grimper les indicateurs d’inégalités : ils bénéficient de revenus mensuels d’au minimum 5 000 euros, donnant des écarts de revenu avec les plus pauvres de ce département d’au moins 4 000 euros par mois.
Deux territoires d’outre-mer se classent aussi parmi les départements français les plus inégalitaires, La Réunion et la Martinique [1]. La pauvreté y est intense et côtoie une richesse détenue par une petite partie de la population : les 10 % les plus riches disposent de revenus quatre fois plus élevés que les plus modestes. Et encore, les données comparables pour Mayotte et la Guyane ne sont pas disponibles. Elles devraient sans aucun doute figurer dans ce classement des 10 départements les plus inégalitaires.
Il existe deux formes d’inégalités territoriales : par le haut (comme Paris et les Hauts-de-Seine), parce que les riches sont très riches, et par le bas (comme la Seine-Saint-Denis et les DOM), parce que les pauvres y sont particulièrement pauvres. Dans le premier cas, il s’agit de départements qui ont notamment attiré les cadres supérieurs et où sont implantés de nombreux centres de décision. Les prix de l’immobilier y sont élevés dans de nombreuses communes, ce qui est dissuasif pour une partie de la population la moins favorisée. Dans le second cas, il s’agit de départements en grande difficulté économique, où s’est établie une part plus importante de classes populaires mais où les riches tirent malgré tout leur épingle du jeu.
Les dix départements les plus inégalitaires | ||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | |
Paris | 902 | 2 356 | 5 749 | 6,4 |
Hauts-de-Seine | 1 018 | 2 337 | 5 048 | 5,0 |
La Réunion | 687 | 1 287 | 3 011 | 4,4 |
Martinique | 733 | 1 490 | 3 117 | 4,3 |
Val-de-Marne | 899 | 1 907 | 3 742 | 4,2 |
Haute-Savoie | 1 132 | 2 217 | 4 649 | 4,1 |
Yvelines | 1 096 | 2 234 | 4 299 | 3,9 |
Alpes-Maritimes | 924 | 1 845 | 3 481 | 3,8 |
Bouches-du-Rhône | 866 | 1 780 | 3 314 | 3,8 |
Seine-Saint-Denis | 743 | 1 478 | 2 830 | 3,8 |
France métropolitaine | 958 | 1 811 | 3 290 | 3,4 |
La Vendée est le département où les écarts de revenu entre riches et pauvres sont les moins importants de France. Les premiers ont des revenus au moins 2,5 fois plus élevés que les seconds, soit « seulement » 1 700 euros de plus par mois. Au sein des dix départements les moins inégalitaires, ce rapport varie de 2,5 à 2,8. Des territoires de l’ouest de la France, mais aussi du centre ou de l’Est (Haute-Saône) apparaissent dans ce classement. Les revenus de leur population y sont plus homogènes que dans les départements les plus inégalitaires. Les pauvres ne comptent pas parmi les plus modestes, les riches y sont un peu moins riches qu’ailleurs. Les départements les moins inégalitaires sont souvent dans une situation économique assez favorable. Ils n’ont par exemple pas connu une très forte désindustrialisation. Souvent, ils n’accueillent qu’une faible proportion de population immigrée.
Les dix départements les moins inégalitaires | ||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | |
Vendée | 1 108 | 1 777 | 2 813 | 2,5 |
Mayenne | 1 047 | 1 736 | 2 745 | 2,6 |
Haute-Loire | 1 031 | 1 733 | 2 792 | 2,7 |
Haute-Saône | 1 008 | 1 723 | 2 767 | 2,7 |
Maine-et-Loire | 1 047 | 1 759 | 2 878 | 2,8 |
Manche | 1 033 | 1 748 | 2 858 | 2,8 |
Finistère | 1 070 | 1 808 | 2 969 | 2,8 |
Deux-Sèvres | 1 026 | 1 737 | 2 853 | 2,8 |
Cantal | 1 011 | 1 709 | 2 814 | 2,8 |
Côtes-d'Armor | 1 039 | 1 769 | 2 896 | 2,8 |
France métropolitaine | 958 | 1 811 | 3 290 | 3,4 |
Photo / CC Cédric Chau
[1] Les seuls DOM pris en compte dans ces données 2018 de l’Insee.