Les zones rurales isolées affichent le niveau de vie le plus faible. Mais c’est dans les villes-centres que les inégalités de revenus sont les plus fortes. La grande richesse de quelques quartiers favorisés y côtoie l’extrême pauvreté.
Les zones rurales isolées sont celles où le niveau de vie médian [1] est le moins élevé : 1 568 euros par mois, selon les données 2015 de l’Insee. Les territoires les plus aisés sont les banlieues situées au sein des grands pôles urbains (1 773 euros) et leurs couronnes (1 811 euros). Avec 1 611 euros, les villes-centres occupent une position intermédiaire. Les couronnes périphériques des grandes villes sont le plus souvent occupées par des ménages des couches moyennes qui disposent d’un niveau de vie leur permettant d’accéder à la propriété individuelle. Le milieu rural isolé est, lui, en partie composé de ménages d’agriculteurs âgés avec de faibles retraites, du fait notamment de l’inactivité (officielle) des femmes.
Ces données doivent être relativisées en tenant compte de la taille de la population concernée. Les territoires ruraux isolés abritent moins de 5 % de la population, alors que cette dernière habite désormais à 58,2 % dans les grands pôles urbains et à 19,5 % dans leur couronne. Les seules banlieues regroupent huit fois plus d’habitants que les zones rurales isolées. Leur niveau de vie médian est celui d’un ensemble qui regroupe des banlieues très favorisées et des banlieues très pauvres, situées bien en dessous du niveau de vie observé en milieu rural.
Niveau de vie médian selon le type de territoire | ||
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Répartition de la population par type de territoire en % | Niveau de vie médian mensuel en euros | |
Grands pôles urbains | 58,2 | 1 708 |
- dont villes-centres | 23,1 | 1 611 |
- dont banlieues | 35,1 | 1 773 |
Périurbain | 24,8 | n.c. |
- dont couronne des grands pôles urbains | 19,5 | 1 811 |
- dont communes reliées à plusieurs grands pôles | 5,3 | 1 683 |
Petits et moyens pôles | 6,5 | n.c. |
- dont moyens pôles | 2,9 | 1 582 |
- dont petits pôles | 3,6 | 1 587 |
Rural non isolé | 6,1 | n.c. |
- dont couronne des moyens pôles | 0,6 | 1 678 |
- dont couronne des petits pôles | 0,3 | 1 654 |
- dont communes reliées à plusieurs petits pôles ou moyens pôles | 5,2 | 1 620 |
Rural isolé | 4,4 | 1 568 |
Ensemble | 100 | 1 708 |
De la ville-centre au rural isolé |
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Le découpage géographique de l’Insee comprend plusieurs types de territoires. Nous en présentons une version simplifiée. Tout d’abord, les grands pôles désignent des ensembles urbains qui comprennent au moins 10 000 emplois. Ils se décomposent en villes-centres et en banlieues. L’habitat périurbain est composé des communes dont 40 % des actifs travaillent dans les grands pôles. Les petits et moyens pôles sont des aires urbaines qui comprennent entre 1 500 et 10 000 emplois. Nous avons qualifié de « rural non isolé » les communes proches de ces petits ou moyens pôles, à 90 % rurales. Enfin, le « rural isolé » est composé des communes rurales non reliées aux pôles. |
Les niveaux de vie des 10 % les plus pauvres sont au plus bas dans les villes-centres : ils touchent au mieux 778 euros mensuels (après impôts et prestations sociales). Vient ensuite le milieu rural isolé avec 856 euros. Dans les petites villes et le rural non isolé, ce niveau se situe entre 837 et 1 003 euros. C’est dans l’habitat périurbain (les couronnes des grands pôles) que le niveau maximum de ces 10 % les plus pauvres est le plus élevé (1 054 euros mensuels).
Quant aux 10 % les plus riches, ils perçoivent un minimum situé entre 2 634 et 2 760 euros par mois dans les zones rurales et les petits et moyens pôles respectivement. Dans les zones périurbaines, le seuil d’entrée dans la tranche des 10 % des plus riches est de 3 030 euros. Il est de 300 euros supplémentaires dans les grands pôles.
Les grands pôles urbains, et tout particulièrement les villes-centres, réunissent les situations les plus contrastées. Ils sont à la fois le lieu des revenus les plus élevés et celui de la plus grande pauvreté. Notamment parce que l’essentiel des logements sociaux se situe dans les grands pôles. Le périurbain se distingue par des revenus médians plus élevés et par une plus grande homogénéité sociale. Quant au rural isolé, il abrite une population pour partie très défavorisée. Le poids désormais très faible dans la population totale de ces populations rurales très modestes accentue encore leur sentiment d’isolement.
Niveau de vie des 10 % les plus pauvres et des 10 % les plus aisés selon le type de territoire Unité : euros | ||
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Niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres | Niveau de vie minimum des 10 % les plus riches | |
Grands pôles urbains | 837 | 3 326 |
- dont villes-centres | 778 | 3 342 |
- dont banlieues | 898 | 3 326 |
Périurbain | ||
- dont couronne des grands pôles urbains | 1 054 | 3 030 |
- dont communes reliées à plusieurs grands pôles | 953 | 2 802 |
Petits et moyens pôles | ||
- dont moyens pôles | 837 | 2 760 |
- dont petits pôles | 882 | 2 688 |
Rural non isolé | ||
- dont couronne des moyens pôles | 1 003 | 2 691 |
- dont couronne des petits pôles | 963 | 2 677 |
- dont communes reliées à plusieurs petits ou moyens pôles | 937 | 2 634 |
Rural isolé | 856 | 2 711 |
Ensemble | 884 | 3 132 |
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[1] Le niveau de vie est le revenu après impôts et prestation sociale, pour une personne seule. Sa médiane est le revenu qui partage la population en deux : la moitié gagne moins, l’autre plus.