16 % des immigrés sont au chômage. Un taux de chômage deux fois plus élevé que celui des personnes nées dans l’Hexagone.
16,3 % des immigrés [1] sont au chômage contre 8,6 % des personnes nées en France, selon l’Insee (données 2017). Le taux atteint 19,3 % pour les actifs [2] nés hors de l’Union européenne. Cet écart est d’abord lié au diplôme : les immigrés sont en moyenne moins qualifiés que les personnes nées en France. 40 % des immigrés de 15 à 64 ans disposent au maximum du brevet des collèges ou du certificat d’études primaires selon l’Insee (données 2014, dernière année disponible), contre 26 % pour l’ensemble de la population de cette tranche d’âge vivant en France.
Taux de chômage selon l'origine et le sexe Unité : % | |||
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Hommes | Femmes | Ensemble | |
Français nés en France | 8,7 | 8,5 | 8,6 |
Immigrés nés dans l'Union européenne | 8,1 | 8,0 | 8,0 |
Immigrés nés hors de l'Union européenne | 18,0 | 21,0 | 19,3 |
Ensemble des immigrés | 15,6 | 17,1 | 16,3 |
Ensemble | 9,5 | 9,3 | 9,4 |
À niveau de diplôme équivalent, le taux de chômage des immigrés demeure supérieur. 18,8 % des immigrés titulaires d’un bac sont au chômage, contre 9,8 % des Français nés en France du même niveau de diplôme, soit deux fois plus. Pour les titulaires d’une licence et plus, les chiffres sont respectivement de 11,4 % et 5 % (données 2016, Insee).
Taux de chômage selon le diplôme et l'origine Unité : % | ||||||
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Licence et plus | Bac + 2 | Bac | CAP, BEP | Brevet des collèges | Aucun diplôme ou CEP | |
Français nés en France | 5,0 | 5,4 | 9,8 | 10,2 | 14,0 | 18,4 |
Immigrés | 11,4 | 11,1 | 18,8 | 19,3 | 18,3 | 22,5 |
Ensemble | 5,7 | 5,7 | 10,5 | 10,8 | 14,4 | 19,4 |
Comment expliquer ces écarts ? Si les diplômes obtenus sont de même niveau, ils ne sont pas nécessairement identiques. Les données disponibles n’apportent pas de détail sur les diplômes détenus par les uns et les autres. Un diplôme universitaire généraliste par exemple n’est pas équivalent à un diplôme d’ingénieur en termes de facilité d’insertion dans l’emploi. Les immigrés les plus récemment arrivés (85 % sont là depuis plus de cinq ans) peuvent maîtriser imparfaitement la langue française, ce qui constitue une difficulté pour occuper certains emplois. De plus, les immigrés ne disposent pas tous des mêmes réseaux de relations dans le monde du travail que les personnes nées en France : rien de tel pour obtenir un poste que d’avoir quelques bonnes relations. En outre, les immigrés qui n’ont pas la nationalité française ou qui ne sont pas originaires d’un pays de l’Union européenne sont exclus d’environ 5,4 millions d’emplois (instituteur, policier, mais aussi architecte ou buraliste), soit un poste de travail sur cinq. Enfin, les immigrés subissent des discriminations qui restent difficiles à quantifier, même si les opérations dites de « testing » [3] prouvent leur existence. Leur impact global sur le taux de chômage est moindre, mais elles sont ressenties de façon particulièrement violente pour ceux qui les subissent.
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[1] Un immigré est une personne vivant en France, née étrangère hors de France, mais qui peut être de nationalité française. Un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité française (elle peut être née en France).
[2] Les actifs sont les personnes qui occupent un emploi et les chômeurs.
[3] Testing : opération qui consiste à envoyer, ici dans le domaine du travail, des CV où seule l’origine des candidats change et où l’on mesure la part de ceux qui obtiennent un entretien.